La confrérie mouride est l’héritage spirituel d’un homme sénégalais : Cheikh Ahmadou Bamba. Dans sa quête d’absolu de spiritualité, ce grand homme s’initie d’abord au travers de la tidjaniya puis d’autres mouvements musulmans avant, disent ses disciples, de voir l’apparition du prophète. Celui-ci lui donne alors la permission de fonder sa propre voie spirituelle. C’est ainsi que Cheikh Ahmadou Bamba a fondé le mouridisme au Sénégal.
Qu’est ce que le mouridisme ?
Difficile d’évoquer le mouridisme sans parler de son fondateur : Cheikh Ahmadou Bamba. Il est avant tout réputé pour ses qualités de saint homme courageux. D’une part, celui est aussi appelé Serigne Touba est connu comme le fils du marabout qui a converti Lat Dior Diop et épousé sa fille. D’autre part, à toutes les méfiances et accusations du gouvernement colonial, il a toujours opposé une résistance pacifique.
Cheikh Ahmadou Bamba bénéficie d’un charisme naturel qui fait de lui un guide spirituel suivi et apprécié. Une popularité qui dérange le pouvoir colonial, qui en 1885 à Berlin, se partage les régions de l’Afrique.
La solution à cela était de déstabiliser cette force politique d’opposition de Serigne Touba. Mais, en le forçant à déménager dans le Djolof, en le déportant au Gabon, puis en Mauritanie, les Français ont accru sa popularité tout en lui donnant une étiquette d’anticolonialiste. La philosophie et pratique religieuse de Cheikh Ahmadou Bamba est essentiellement pragmatique et liée au travail.
Le dogme du mouridisme, outre les devoirs du Coran, recommande un contact fort avec le réel. Faire avec ses mains le plus de bien possible devait mener à la stabilité, et de la stabilité découle l’équilibre.
Le personnage rayonnant est déjà adulé des foules et suivi par d’importantes figures de la vie politique et économique pour ses idées. La persistance du gouvernement à voir en lui un opposant, son calme et son charisme naturel, tout cela lui valent de rallier des fidèles par milliers, y compris de riches hommes d’affaires.
Un peu plus tard, pour mieux élargir son emprise sur la production d’arachide dont les principaux acteurs étaient mourides, le pouvoir français finit par tolérer cheikh Ahmadou Bamba.
Les héritiers du mouridisme au Sénégal
Après la disparition d’Ahmadou Bamba en 1927, cinq de ses fils lui succèdent comme « califes » par ordre d’âge. Après le décès du dernier de ses fils en 2007, les petits-fils du fondateur accèdent au califat.
Ce sont :
- Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927 – 1945)
- Cheikh Mouhammadou Fadl Mbacké (1945 – 1968)
- Cheikh Abdoul Ahad Mbacké (1968 – 1989)
- Cheikh Abdou Khadre Mbacké (1989 – 1990)
- Cheikh Saliou Mbacké (1990 – 2007)
- Cheikh Mouhammadoul Amin Bara Falilou Mbacké (2007 – 2010)
- Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké (2010 – 2018)
- Cheikh Mouhamadou Mountakha Mbacké (Depuis 2018)
Il est dit que dans l’organisation des décideurs du pays, les confréries ont plus de pouvoir que la classe politique. Jusqu’à récemment, les hommes politiques faisaient les yeux doux aux cheikhs et aux marabouts qui appelaient à voter pour l’un ou l’autre des partis par des ndigeul (consignes).
Le moudisme au Sénégal ce célèbre chaque année lors d’un grand rassemblement, celui du Magal de Touba.
Il existe également des confréries minoritaires, qui se veulent tenantes de « l’orthodoxie musulmane » et selon ses adeptes, bannissent les « pratiques magiques s’adressant à une sorte de divinité capable d’intervenir en bien ou en mal dans les affaires des hommes ».
Parmi elles la confrérie des layènes localisée principalement à Yoff, à Ngor et à Cambérène ainsi qu’à Rufisque, anciens villages de pêcheurs.